top of page
Rechercher
CEV

Barbara Pompili s’en prend aux défenseurs des paysages: la réponse de Christophe Journet.

La ministre de l’écologie en charge de la transition énergétique Barbara Pompili a tenu ce 28 mai une conférence de presse via Twitter pour réaffirmer son credo éolien face aux oppositions de plus en plus nombreuses aux projets en cours. Détails.

D’entrée de jeu Barbara Pompili (ou le rédacteur de son discours) y vont fort : « Installez une éolienne, vous protégerez la planète : c’est aussi simple que cela. Ce n’est pas une déclaration politique, une idéologie, une lubie, c’est un fait scientifique, étayé par l’expérience », déclare la ministre. Et de lâcher dans la foulée aux journalistes présents ou en ligne sur Twitter : « Et c’est cette évidence que je veux réaffirmer aujourd’hui. Oui, il y a une nécessité absolue de déployer l’éolien en France face à l’urgence climatique, à un moment où beaucoup cherchent à politiser, cliver, polémiquer autour de ce sujet. Soyons clairs : je ne parle pas du débat citoyen, toujours utile, toujours nécessaire, et que d’ailleurs j’ai tenu à renforcer considérablement lorsque j’étais députée (SIC) », poursuit Mme Pompili ; « Non, je parle bien de campagnes de désinformation sur l’éolien alimentées avec cynisme par quelques opportunistes politiques, qui se soucient surtout de fonder leur carrière sur le ressentiment et jamais de faire avancer la transition énergétique ou le combat climatique ». Reprenant point par point les critiques exprimées par des associations anti-éoliennes et des experts - pourtant peu contestables pour certains NDLR - la ministre de l’écologie Barbara Pompili a lu un argumentaire pro-éolien rédigé dans le droit fil des idées de son ancien parti Europe-Écologie-Les Verts (EELV) et reprenant des citations de RTE ou de l’Agence internationale de l’énergie, pour défendre le choix d’investissements étatiques subventionnant les projets en cours et surtout pour stigmatiser les opposants à l’éolien.

Le ministère a édité un document anti fake news sur les ENR (la Une source Ministère de la transition écologique) Dans un dossier de presse intitulé « pour y voir +clair le vrai/ faux sur l’éolien terrestre », Barbara Pompili a listé et contredit les principales critiques de l’éolien pour justifier les 6 Mrds d’euros décidés par son gouvernement pour développer cette énergie dite renouvelable mais très intermittente. On peut lire dans ce document réalisé pour soutenir et développer l’éolien un début de reconnaissance des faiblesses de l’éolien aussitôt altéré par une justification de la volonté ministérielle de le développer : « Il est exact qu’une éolienne ne produit pas en permanence et ne permet pas à elle seule de ré- pondre aux besoins des consommateurs », peut-on lire dans ce document destiné à la presse. « Mais c’est également le cas pour toutes les formes de production d’énergie : le photovoltaïque produit plus à midi, l’hydroélectricité produit en fonction de la disponibilité de l’eau, les installations nucléaires et thermiques (ainsi que les éoliennes, les installations solaires et les barrages hydroélectriques) doivent être arrêtées régulièrement pour des opérations de maintenance qui peuvent durer jusqu’à plusieurs mois. Aucune installation de production d’électricité n’est donc à même d’assurer la sécurité d’approvisionnement des consommateurs à elle seule », poursuit la ministre dans son plaidoyer pro domo pour l’éolien. « Le fonctionnement du système électrique nécessite donc la disponibilité d’une variété d’installations, de plusieurs technologies différentes, réparties sur l’ensemble du territoire, et d’un réseau fonctionnel et interconnecté avec nos voisins européens », ajoute la ministre. Autre argument utilisé par la ministre, celui d’une diversité de localisation des fermes éoliennes dans l’hexagone, allant jusqu’à parler de « complémentarité avec la consommation » et ses rythmes annuels connus : « Par ailleurs, s’agissant de l’éolien, disposer de nombreuses installations réparties sur l’ensemble du territoire contribue réellement à la sécurité d’approvisionnement car les régimes de vent sont différents selon les régions, ce qui permet de disposer à tout instant d’une capacité réelle de production éolienne. En France, la production éolienne présente d’ailleurs (une) certaine complémentarité avec la consommation puisqu’elle est statistiquement plus importante entre octobre et mars [voir bilan électrique de RTE], lorsque les besoins sont les plus importants », poursuit Mme Pompili.

Les manifestations contre l’éolien se sont multipliées en France (capture d’écran MPE-M&dia) Sans toutefois nier l’existence de nombreuses plaintes de riverains, la ministre plaide habilement la nécessité de la concertation et la possibilité pour les citoyens de s’y investir eux-mêmes localement. Son discours vise aussi à contrer l’opposition de Xavier Bertrand et Marine Le Pen à ces développements dans les Hauts-de-France à un an des présidentielles et quelques semaines des régionales. Mme Pompili annonce un plan de dialogue à ce sujet qui sera confié aux préfets dans les territoires, avec un retour six mois après les élections régionales, sur le thème « climat et résilience » incluant des synthèses reprenant l’expression des participants à ces débats. Elle estime qu’une majorité de français sont décidés à y prendre part : « Ce travail que vont mener les préfets partout dans les territoires, va se faire en concertation avec les Régions, les communes et les intercommunalités, avec les associations environnementales, les associations de défense du patrimoine et les représentants des développeurs. » Les anti-éoliens diffuseraient des « fake news » Répondant aux questions des journalistes via l’AFP et notre consoeur Catherine Hours, Barbara Pompili dit qu’il « ne faut pas se laisser entraîner dans la diffusion des fake news », contre lesquelles le ministère a rédigé des réponses pour distinguer le vrai du faux, « alors que ce débat est infiltré politiquement, notamment par l’extrême droite », déclare la ministre, comme le faisait Donald Trump lorsque des faits rendus publics par des médias relayant les propos de ses opposants le dérangeaient.

Jean-Louis Butré, Pdt de la Fédération environnement durable (FED) accusé à tort de climatoscepticisme par Barbara Pompili, a réuni via la FED des milliers d’opposants à l’éolien (capture d’écran MPE-Média) Barbara Pompili cite dans ses réponses aux questions des journalistes le Président de la Fédération Environnement durable Jean-Louis Butré, qu’elle accuse d’avoir nié l’existence du réchauffement climatique dans des tribunes de presse en 2019* – ce qui est notoirement faux : Jean-Louis Butré est un ingénieur retraité de l’énergie qui a analysé en détail les risques liés au développement de l’éolien intermittent et réfute surtout les mensonges étatiques sur le coût des ENR, les dégâts pour les paysages et la valeur des propriétés touchées et les promesses d’emplois locaux au sein du collectif « Energie et vérité » NDLR. Répondant à notre question sur le pourquoi de ces critiques ad hominem, de ces propos diffamatoires dans la bouche d’une ministre contre M. Butré, Barbara Pompili nous répond : « Je ne diffame personne, ces faits et propos sont trouvables sur internet**. Répondant à nos questions sur les raisons de l’abandon en 2019 du programme de recherche « ASTRID » visant à créer un prototype de réacteur nucléaire pouvant recycler les déchets nucléaires stockés à Tricastin et à La Hague, la ministre nous dit que ces choix ont été faits parce qu’il y a encore des investissements très lourds à réaliser, ajoutant que des recherches continuent pour ce programme avec le CEA ». À propos de la « cartographie » que le ministère souhaite établir des zones où l’éolien terrestre durable peut être programmé, Barbara Pompili parle de zones qui prennent en compte l’ensemble des facteurs rendant possibles l’exploitation éolienne terrestre (vent, paysage, densité de la population locale, etc.). Zones que les Préfets auront à charge de définir à l’issue d’enquêtes publiques menées après les élections régionales et départementales. Revenant sur un jugement du tribunal de Nantes confirmant l’impact réducteur de l’éolien sur le prix de l’immobilier riverain des projets, Mme Pompili parle d’impacts « plutôt faibles sur le prix de l’immobilier » et rappelle que « les communes tirent un bénéfice de l’implantation de parcs éoliens et que les particuliers peuvent aussi y être intéressés ».

« Pas d’impact connu de l’éolien pour l’instant », déclare la ministre de l’écologie? Cette image d'un homme seul face à un parc éolien géant prise par Documentaire et Vérité dit le contraire (capture d’écran MPE-Média) « Pas d’impact connu pour l’instant », assure-t-elle dans cette intervention anti fake news, se disant à la recherche d’un mix électrique qui ne pèse pas trop sur la facture électrique des citoyens et sur celle de l’État. Répondant davantage à notre question sur l’abandon des recherches sur la surrégénération (programme ASTRID stoppé en 2019) et la fusion (ITER-Cadarache, programme international), Mme Pompili dit que le nucléaire est une énergie décarbonnée qui pose encore des problèmes de déchets, de coût, dit que le nouveau nucléaire coûtera trois à quatre fois plus cher, ajoute que l’AIE estime qu’une proportion de 90% de renouvelables et 10% de nucléaire serait un bon mix. La programmation pluriannuelle de l’énergie en cours vise à réduire la part du nucléaire à 50% de la ressource française en énergie contre près de 70% en 2021. La ministre note que la fusion nucléaire est une recherche de long terme et qu’il faut trouver des réponses écologiques entretemps, mais que la recherche sur l’utilisation des déchets nucléaires n’est pas stoppée, contrairement aux annonces gouvernementales de septembre 2019. À propos de la biodiversité, Mme Pompili a fait le point sur les constats post extinction du gypaête barbu aux Pays-Bas à cause des éoliennes et affirme « être attentive aux mises en garde de la ligue de protection des oiseaux ». Dans une conclusion à la Greta Thunberg, la ministre rappelle qu’elle croit encore dans la préservation du climat et dans la constitution d’un mix énergétique sinon parfait mais « respectueux de l’environnement ». Christophe JOURNET Energie Vérité et Rédacteur en chef de MPE-Média *** *Voir aussi via https://www.huffingtonpost.fr/entry/face-au-giec-une-tribune-climato-sceptique-recolte-500-signatures-de-scientifiques_fr_5d8b6e50e4b0c6d0cef4bb69 **On trouve aussi sur internet ceci : « La Fédération Environnement Durable a pour objet la protection de la nature et de l'environnement, et la prévention des dommages écologiques, technologiques et sanitaires, notamment ceux liés au déploiement des Energies renouvelables (EnR). La Fédération Environnement Durable s’assigne aussi comme but de défendre la population contre toute atteinte à la sécurité ou à la santé des personnes exposées aux EnR et en particulier aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent (l’éolien industriel). » M. Butré mis en cause lors de cette conférence de presse nous confiait récemment que les membres de la FED estiment ensemble que « La Transition Énergétique à la française n’a rien à voir avec la lutte contre le réchauffement climatique ; cette lutte est pourtant un enjeu essentiel pour notre civilisation. » M. Butré ne nie en aucun cas la réalité du réchauffement climatique récent NDLR. Voir à propos de la FED ce lien : https://epaw.org/documentspdf/resistez-aux-eoliennesfed.pdf Voir aussi la tribune de Stéphane Bern dans le Figaro du 31 mai 2021 : http://kiosque.lefigaro.fr/partenariats/create?pos=eole&titrePresse=le-figaro&date=2021-05-31&hash=MWQwM2MxZWIyNTM5MTJlOWE0MzZiNjZkYzk4MzY3ZWU2NjdlMDA1NjcxNjhmMWUxYzBkNTVjYzEzNzQyY2UyNDc3YjhkYWQzYmNmOWM5YmY1OWEyNjA3NjY1MjdmYzRhN2Q0YjI3NzhiZDc1ODA0ODYzMGQ0YmMwMDY1MzkwMGM= Hasard ou anticipation de l’impact prévisible dans l’opinion, la communication de la ministre précède de 4 jours la sortie officielle le 1er juin 2021 d’un documentaire intitulé « Éoliennes du rêve aux réalités » réalisé par Charles Thimon et l’association Documentaire et Vérité : https://eoliennes-lefilm.com Et aussi à partir du mardi 1er juin, à voir en ligne : https://www.youtube.com/channel/UCgfx84tH3__0hkLUh05n3aQ https://www.youtube.com/watch?v=Zsr5VVkW_J8 Copyright © 2011 - 2021 - MPE Media - Tous Droits Réservés. Site conçu et réalisé par Didier Siohan

911 vues1 commentaire

1 Comment


philippe peyroche
philippe peyroche
Jul 26, 2021

La ministre ne s'attarde pas sur le paysage , il lui serait bien difficile de défendre l'implantation d'une machine de 150 m. de haut à 500 m. d'une habitation ou d'un monument historique .

En fait elle s'en tient à la doctrine gouvernementale et refuse la prise de conscience du saccage de centaines de sites naturels ou culturels . C'est l'exemple même d'une l'attitude sectaire .

Like
bottom of page