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La prolifération des éoliennes en France ou Le « Casse du Siècle »

Dernière mise à jour : 22 avr. 2019


Elles sont à la fois totem et tabou. Intouchables. Incritiquables. Divinisées. Jeanne d’Arc est venue pour bouter les Anglais hors de France, elles sont l’arme absolue contre le réchauffement climatique qui nous menace. Elles vont sauver la planète ! Se poser la moindre question à leur sujet vaut excommunication.

Alors risquons l’Enfer.

C’est d’abord un ancien Président de la République Française, Valéry Giscard d’Estaing, qui ouvre le feu dès 2008. Avec son incomparable sens de la formule, il dénonce tout à la fois « un gaspillage inacceptable des fonds publics, un discours officiel trompeur, un « business » souvent douteux ». Lui emboitant le pas, si je puis dire, Marcel Boiteux, emblématique Président de EDF de 1967 à 1987, et toujours Président d’honneur de EDF, ironise à son tour sur ces éoliennes qui ne sont « que du vent », et dès lors soumises aux caprices de ce dernier, produisant régulièrement quand on n’en a pas besoin (encombrant alors les réseaux avec une électricité vendue à perte…), et n’étant jamais là quand cela pourrait être utile (par grands froids d’hiver ou par grandes chaleurs d’été).

Ce vieux briscard et grognard de la République, Jean-Pierre Chevènement, s’étrangle d’indignation dans une tribune publiée en 2018 dans le Journal l’Opinion, contre le casse de notre industrie nucléaire par les « obscurantistes millénaristes » que sont les écologistes politiques, enfin habillés pour l’hiver, malgré le réchauffement climatique... Même le prudent Gérard Mestrallet, ancien PDG de GDF Suez, devenu Engie, plaide dès 2013 pour un arrêt du soutien public aux éoliennes…

Mais ce concert des voix de la raison, émises par des représentants de l’ancienne génération – et donc de l’Ancien Monde – a été rendu inaudible par le déferlement de la doxa idéologique

de la France du XXIème siècle, qui s’impose comme une religion, à laquelle il ne fait pas bon de ne pas se rallier, pardon, de ne pas se convertir…

A l’origine de cette affaire, c’est le tour de passe-passe idéologique qu’il faut ici saluer. L’acte de naissance de l’écologie politique en France se situe dans les années 70, quand une opposition radicale se structure dans le combat contre un choix politique majeur, commun aux présidences de De Gaulle, Pompidou, Giscard d’Estaing et François Mitterrand, d’assurer l’indépendance énergétique de la France par un immense chantier nucléaire, menant à la construction de 58 réacteurs repartis sur 19 centrales qui assureront, dès la fin des années 80, 75% de la production électrique française. Cette opposition était menée principalement pour des motivations environnementales dénonçant les déchets nucléaires, maillon faible effectivement de cette industrie. « Soyons actifs, ou nous serons radioactifs » était le slogan de l’époque !

Ce n’est que dix ans plus tard, au début des années 80, que la problématique du climat, à savoir le réchauffement de la planète par les émissions de CO² dues aux énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole), est identifiée par les scientifiques et devient une alerte mondiale.

Nos brillants écologistes politiques, au vu de ces nouvelles données scientifiques, auraient pu réviser leur copie, et déclarer que l’ennemi principal, ce sont bien les énergies fossiles, et que le nucléaire pouvait être reconsidéré à l’aune de cette situation scientifique nouvelle. Parce qu’il s’agit d’une source d’énergie décarbonée, tout autant que l’hydraulique (également choix stratégique français des années 30 à 50), le cumul du nucléaire et de l’hydraulique permettait à la France d’avoir la production électrique la plus décarbonée du monde – Norvège exceptée –, avec un chiffre global de 85% de production d’énergie électrique décarbonée.

La France de la fin du XXème siècle avait le leadership mondial de l’industrie nucléaire civile, et mettait en avant une recherche qui visait la mise au point de surgénérateurs, au travers notamment du projet Phénix, lequel sera alors sacrifié sur l’autel de l’idéologie... Le relais a du coup été pris par les surgénérateurs à l’étude aux Etats-Unis, en Russie et dans d’autres puissances, qui seront dans l’avenir capable de produire de l’électricité sans déchets.

Hélas, au lieu d’explorer cette voie, et de conforter cette spécificité française, toutes les politiques engagées depuis l’an 2000 ont repris à leur compte le slogan : « Il faut sortir du nucléaire » jusque là mis en avant par les groupuscules les plus dogmatiques de l’écologie politique, pour en faire le mantra de nos politiques publiques en matière d’énergie.

Car c’est l’idéologie qui a prévalu sur la raison, et à grand renfort de trompettes médiatiques, on a fait croire à l’opinion que le nucléaire était le mal absolu, que sortir du nucléaire était désormais la seule croisade qui vaille, et que les énergies renouvelables sauveraient le monde, à commencer par la planète Terre…

Que Nicolas Hulot, homme-sandwich d’entreprises du CAC 40, grand communicant devant l’éternel, et croisé mystique de l’anti-nucléaire, devienne le numéro 3 d’un gouvernement, après avoir été vainement courtisé par les présidences précédentes, en dit long sur la décrépitude de la politique française, à l’unisson toutefois des grandes démocraties occidentales qui ont cessé de croire à la raison et se laissent manipuler par les marchands d’illusion…

Les éoliennes qui envahissent à grands pas le territoire français ne peuvent prospérer que par cette victoire idéologique contre le nucléaire, mais encore fallait-il pour passer de l’idéologie aux réalisations concrètes, faire un pacte avec l’ennemi de toujours : le Grand Capital ! Celuici a fait peau neuve, et n’est plus le seul apanage des 200 familles chères au Front Populaire et à George Marchais. Expression concrète de la mondialisation, la finance internationale règne en maître sur l’économie mondiale, et les dérives de la financiarisation de cette économie sont magistralement décrites depuis des années par Jacques de Larosière, ancien Directeur du Trésor, ancien Directeur du FMI, ancien Gouverneur de la Banque de France, une autorité incontestable en matière de finance internationale. Inlassablement, Jacques de Larosière dénonce les dérives de la finance mondiale qui ont conduit à la grave crise internationale de 2008, laquelle a paupérisé les classes populaires et les classes moyennes des démocraties occidentales, et ouvert la voie au triomphe des leaders populistes.

Le pacte qui officialise le mariage de l’idéologie politique et de la financiarisation délétère est l’arrêté pris par Yves Cochet, ministre de l’environnement de la « gauche plurielle » du gouvernement Jospin, du 8 juin 2001 qui oblige EDF à acheter l’électricité produite par les éoliennes à un prix garanti de 83,5 € le MWh dans des contrats d’au moins 15 ans, souvent renouvelables, alors que le prix du marché de l’électricité oscille entre 30 et 45 € le MWh.


Pacte… et surtout Pactole ! Alliance contre-nature – ou à revers ! – entre un parti officiellement anticapitaliste, et qui offre un boulevard politique, médiatique et financier à tous ceux que l’appât du gain ont fait perdre toute morale, et qui sont enchantés de faire discrètement leurs bonnes affaires, tout en se parant du titre de « sauveurs de la planète »... ! Bien joué.

Depuis l’arrêté Cochet, c’est la razzia. Pas une de nos communes rurales (il y en a près de 35 000…), pas un seul propriétaire de terrains agricoles, qui n’ait été ou qui ne sera prochainement démarché par de sémillants commerciaux, formés à la vente forcée, qui déferlent de la planète entière pour obtenir le fameux Graal, ce permis d’exploiter des « fermes éoliennes » signé par le Préfet, après un parcours du combattant pour purger les recours de riverains inquiets, puis angoissés, puis indignés, mais de plus en plus muselés.

Cette nouvelle ruée vers l’or, cette frénésie d’obtention de nouveaux terrains, de nouveaux permis, écume et éreinte notre pays. La France, par son système d’encouragement financier - aux frais bien sûr du contribuable et du consommateur - est devenue l’eldorado des opérateurs et des investisseurs éoliens. Les opérateurs ? La France consomme des éoliennes à tour de bras, mais elle n’en produit pas. Ce sont donc les industriels danois, allemands, espagnols et chinois qui profitent de la manne. Les emplois c’est pour eux. Le déficit commercial, c’est pour nous. Nouvelle répartition des richesses dans la mondialisation d’aujourd’hui... Les financiers ? L’éolien, c’est un business mondial basé principalement sur des contrats. D’abord, obtenir le permis d’opérer, ensuite le vendre aux industriels, ensuite s’assurer le soutien d’investisseurs avisés, qui sauront à l’aide des meilleurs cabinets d’avocats du monde faire transiter les bénéfices considérables de ces « fermes éoliennes » à des structures en poupées russes, indétectables, et suffisamment bien ficelées pour échapper à tout contrôle. Hier, la titrisation, aujourd’hui, l’économie de contrats. Pas vu, pas pris. Et tant pis pour les cochons de payeurs. Ainsi, les leçons de la crise de 2008 n’ont manifestement pas été assimilées.

Le second étage de la fusée éolienne est la très fameuse loi de la « transition énergétique pour la croissance verte » d’août 2015. Cette loi est la matrice de toutes les PPE (programmations pluriannuelles de l’énergie) qui se succèdent. Le dogme n’a pas été remis en cause : la part du nucléaire - toujours l’ennemi principal, alors qu’il est un bienfaiteur du climat ! - doit passer de 75 % à 50 % pour céder la place aux très lucratives énergies renouvelables. Seul un sursaut de réalisme a fait reporter la date de cette échéance de 2026 à 2036, mais en pleine crise des gilets jaunes, le Président Macron a confirmé sa volonté de tripler la production d’électricité éolienne dans les dix ans qui viennent…

Les conséquences de toutes ces inconséquences sont largement prévisibles : - Un saccage aggravé du patrimoine historique et culturel de la France. L’évidence est telle que l’on ne développera pas ce point.

- Un saccage aggravé de l’environnement dans notre pays. Là est l’ironie de l’histoire : l’écologie est née dans les années 70 de la volonté de protéger l’environnement. Avec l’objectif politique affiché de 20 000 éoliennes en France dans les 10 ans qui viennent (il en existe actuellement 8 000), c’est 30 millions de tonnes de béton armé que l’on enterrera sur plus de 20 000 hectares, saccageant de ce fait les nappes phréatiques et artificialisant des sols devenus impropres à toute culture. Ces superficies dédiées aux éoliennes doivent être encore doublées voire triplées par la prise en compte de l’ensemble des voies de raccordement. S’agissant du démantèlement, la réglementation française ne prévoit d’écrêter que d’un mètre le haut du socle de béton, et la provision de 50 000 € exigée par la loi n’a aucune chance d’être appliquée, dès lors qu’elle est exigée de sociétés d’exploitation structurées en SAS (société par actions simplifiée) dont les capitaux sociaux sont ridiculement – et intentionnellement – faibles au regard des investissements réalisés (capital de 100 à 37 000 €). Déjà, 15 000 éoliennes pourrissent en Floride, à Hawaï et en Californie, on voit mal comment les éoliennes françaises pourraient connaître un autre sort… - Un saccage tout autant de la biodiversité, puisque c’est par millions de par le monde que des oiseaux sont tronçonnés par les pales ou que les chauves-souris sont anéanties par les variations de pression ou les champs électromagnétiques.

- « Last but not least », les populations rurales riveraines de nos jolies « fermes éoliennes » ont droit à la double peine. Elles sont aux premières loges des nuisances des éoliennes : bruit, infrasons, champs électromagnétiques, risques avérés pour leur santé, perte de valeur de leur maison… Mais comme pour tous les Français, elles financent tout autant cette transition énergétique par le biais de la CSPE et désormais par la taxe CASTE (Compte d’affectation spéciale « Transition énergétique » qui inclut la taxe Carbone et le TICPE). Or, il n’est pas inutile de rappeler que la hausse prévisible du prix de l’électricité impactera en premier les ménages à revenu modeste. Ainsi, le fait générateur de la révolte des gilets jaunes est toujours là, et faute de changement de cap de nos responsables politiques le mécontentement trouvera toujours des moyens d’expression, et ne peut aller que grandissant.

Pour qu’un casse soit réussi jusqu’à son terme, il est nécessaire qu’il reste peu perceptible. Et c’est là que le bât blesse pour les acteurs de l’éolien. Alors que leurs concurrents du soleil bénéficient tous les jours de la miniaturisation des panneaux photovoltaïques grâce à l’augmentation de leur puissance, ce qui en facilite désormais la commercialisation, les marchands de vent sont condamnés à produire des machines toujours plus hautes, toujours plus puissantes, toujours plus visibles et polluantes, pour essayer – bien vainement – d’augmenter leur rendement énergétique, toujours aussi minable. C’est bien cette contradiction qui les perdra, et produira le naufrage annoncé, car, comme on dit pudiquement, « l’acceptabilité sociale » de ces machines est et sera de plus en plus difficile à obtenir... La hantise pour cette filière, à savoir que face à la montée des périls les banques viennent à refuser de la soutenir, est une hypothèse que l’on ne peut plus exclure.

Denis de Kergorlay co-auteur avec Pierre Dumont du livre " Éoliennes, chronique d'un naufrage annoncé ".

Président honoraire de Europa Nostra, la fédération européenne des associations du Patrimoine culturel.

Président de French Heritage Society, association franco-americaine de restauration du patrimoine historique en France et aux États-Unis.

Collectif Énergie et Vérité.



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